Chavou'oth commémore le don de la Tora : celle-ci nous prescrit le don de la Tsedaqa et encore plus le « don de soi » : le 'Hessed. Nos Sages nous enseignent que « Guemilouth-'Hassadim » (littéralement : échange de bienfaits) équivaut à l’ensemble de la Tora et qu’elle est – comme elle – un des trois piliers sur lesquels repose le monde.

Mais le 'Hessed aurait pu rester un concept philosophique théorique : aimer son prochain, on est d’accord sur le principe, mais comment le mettre en action ? Comment faire que ce message révolutionnaire de la Tora ne reste pas lettre morte et que l’on ne revienne pas à la période pré-toranique où Caïn disait : « Suis-je le gardien de mon frère ? »…

En effet l’instinct de l’homme est à l’égoïsme : livré à lui-même, chacun pense avant tout à sa personne. Le 'Hessed est donc une fonction acquise qui requiert de ce fait une éducation intensive dès le plus jeune âge, alors que l’esprit et le cœur sont encore malléables.

Cet enseignement doit être appliqué de manière pragmatique et répétitive afin d’être mémorisé et intégré dans les fonctions de base du cerveau humain (un peu comme la pose quotidienne des Tefilinnes en regard du cœur et du cerveau est plus « marquante » que la simple connaissance de leur contenu).

C'est précisément dans cette optique que l'association Ahavat-Rahamim oeuvre sans relâche, joignant une Mitswa à une autre en donnant une fonction pédagogique à la Tsedaqa , comme l'illustrent les exemples concrets suivants :

Ahavat-Rahamim, en accord avec les établissements scolaires inclut dans leur emploi du temps, un jeudi après-midi sur deux, pour la confection de colis alimentaires destinés aux plus démunis et d’autres activités caritatives… A observer leurs visages rayonnants, [photos enfants devant colis] on constate aisément que cette activité bénévole qui aurait pu paraître pénible et rébarbative est ressentie comme une joie intense car l’enfant goûte à la découverte et à la Passion du Bien (Ta'amou ourou ki tov Hachem…)

Les ministères de l’Education et celui des Affaires Sociales encouragent ce dévouement et délivrent des « Diplôme d’Honneur et de Reconnaissance pour l’action au sein de L'association bénie de Ahavat-rahamim »…

Les parents issus de l’immigration défavorisée, tels que les 'Olim éthiopiens, éprouvent une gène à se sentir à la charge d’une société à laquelle ils ont du mal à s’intégrer économiquement.

Le fait que leurs enfants participent intensément aux activités du bénévolat de Ahavat-Rahamim, permet de rééquilibrer la balance : ceux qui reçoivent savent aussi donner et le font avec une motivation extraordinaire, affirmant parfois qu’ils ne peuvent sous aucun prétexte renoncer à la séance de banque alimentaire tous les jeudis après-midi, devenue nécessaire à leur équilibre tant elle est accomplie dans une atmosphère d’amitié et de joie profonde.

Lorsqu’il s’agit d'effectuer de grands travaux tels que la réhabilitation de locaux, Ahavat Rahamim fait appel à des personnes qui ont fauté et sont à la fin de leur peine. Peu avant leur sortie de prison, plutôt que de laisser naître en eux une rancœur vis-à-vis de la société qui les pousserait à la récidive, la découverte d'activités pour le Bien , l'enseignement concret par l’ exemple leur fait prendre un tournant positif, décisif pour leur avenir…

Les jeunes appelés de Tsahal, de même que les jeunes policiers, ont une tâche vitale pour assurer l’ordre et la sécurité. Mais cette mission, si elle était exclusive, pourrait devenir moralement pénible ; les voir aider (surtout les veilles de fêtes quand les 400 bénévoles sont débordés) coordonner, transporter dans leurs véhicules des colis alimentaires pour de vieilles personnes isolées, des malades, des familles nombreuses dans le besoin est une tâche humanitaire qui révèle une profonde bonté derrière une apparence de sévérité nécessaire à l’accomplissement de leur mission sécuritaire…

« Donner un poisson à quelqu’un qui a faim c’est bien, mais lui apprendre à pécher, c’est mieux ! » (Talmud). C’est pourquoi de nombreuses actions sont menées par Ahavat Rahamim avec les assistants sociaux pour responsabiliser ceux qui reçoivent une aide. Les nécessités apprennent à retrouver une autonomie financière en cherchant du travail et en améliorant la gestion du budget familial, afin de sortir de la précarité et devenir si possible à leur tour des donateurs!

Collecte de denrées alimentaires par un délégué de Ahavat-Rahamim dans les immeubles concernés, une fois par mois, mais aussi auprès des kibboutzim, des grossistes et des fabricants ;distribution de chaussures et vêtements neufs, récupération d'appareils électroménagers pour les jeunes couples, prêts des robes de mariées, aides adaptées à toute difficultés, prêts sans intérêts pour passer des caps difficiles et pouvoir rebondir. Toutes ces actions apportent une valeur-ajoutée importante aux dons des bienfaiteurs de l'association. En donnant 100 euros, c’est finalement 1000 euros que les pauvres percevront (effet de levier) !

Souvent faibles et souffrant de solitude, ils sont encadrés par Ahavat Rahamim pour des activités adaptées à leurs besoins : repas et études en commun, tehilim, ta'anith dibour toutes les veilles de Roch-'Hodech, sorties avec activités physiques adaptées, découvertes, pèlerinages…sont autant d’activités qui redonnent vie et dignité aux personnes âgées tout en soulageant et en rassurant leurs familles.

Ahavat Rahamim effectue des achats en grandes quantité de denrées de base (couches, laits en poudrepour bébés et divers autres produits alimentaires) pour les redistribuer à prix coûtant aux familles nombreuses. Ceci permet d'aider les nécessiteux d'acquérir dignement et à bas prix ce dont ils ont besoin sans avoir le complexe de sentir assistés.

Toutes ces activités et ces dévouements réciproques créent une solidarité et une amitié inébranlables : on ne se sent pas seul , on sait qu’ on peut compter sur les autres en cas de coup dur, de maladie…c’est un gage de cohésion pour la société future.

La discrétion est évidemment de mise : lorsqu’ils se retrouvent nul ne sait qui reçoit et qui donne tout le monde est bénévole, il n’y a pas de frais et c’est cet idéalisme qui attire toutes les couches sociales y compris avocats, professeurs de médecine etc. à participer chacun à sa manière aux activités d'Ahavat Rahami, soit personnellement, soit par la mise à disposition de compétences, de locaux, des cours de rattrapage pour enfants défavorisés et bien d'autres initiatives.

Ceux qui ont connu le fondateur de ces œuvres – rabbi Rahamim Bénamara zatsal – savent qu’il rayonnait de joie malgré son activité à priori austère de dayan et dirigeant communautaire et, jusqu’à la veille de son décès, sa priorité restait ses œuvres car disait-il, c’est grâce à eux que je me maintiens en vie…

Alors Chavou'oth : don ou réception de la Tora ? On conçoit que cela n’a plus grande importance car celui qui reçoit, donne et celui qui donne, reçoit en retour une satisfaction et une élévation morale et psychologique bien plus précieuse que ce qu’il a pu prélever dans son coffre [cf. petite esquisse jointe, éventuellement] C’est cette abnégation imaginative et désintéressée de nos bénévoles qui a valu le titre d’« Homme de l’année », des articles élogieux dans les médias, des attestations de soutien des plus hautes autorités morales et politiques tels que le Gaon Rav Ovadia Yossef chelita, le Richon Letsion, Rav Amar chelita, d’éminents dayanim et Raché-Yechivoth, les services sociaux, les mairies de Jérusalem, de Hadera… Celle-ci a attribué pour les activités de l’association un vieux gan qui a été remis en état par des bénévoles.